Favoriser les alliances entre les entreprises de défense et le maintien des technologies
La diminution des commandes publiques de matériels de guerre observée en Europe de l’Ouest depuis la fin de la guerre froide, conjuguée à l’accélération technologique du secteur, tirée notamment par l’industrie américaine, ont conduit à voir dans les coopérations européennes en matière d’armement un moyen de favoriser les alliances au sein de l’industrie européenne de défense. Il s’agit de permettre aux entreprises d’atteindre la taille critique qui leur assurera les moyens de la recherche et de l’innovation, clés de la compétitivité sur le marché mondial désormais ouvert aux acteurs issus des pays émergents. Les industries européennes d’armement doivent compenser l’important différentiel entre les budgets de défense européens et américains. Ces derniers sont, en effet, deux fois supérieurs à l’ensemble des budgets de défense des États de l’Union européenne ; ils sont trois fois supérieurs en crédits d’équipement et six fois supérieurs pour les crédits de recherche. Les États d’Europe de l’Ouest ont ainsi constaté que leurs commandes publiques ne seraient pas suffisantes à elles seules pour assurer la pérennité de leur industrie de défense. Le regroupement des entreprises d’armement européennes, qui implique un partage de technologies et de souveraineté, a été perçu comme un moyen pour maintenir les capacités en termes de bureaux d’études et d’outils de production, au même titre que le développement des exportations ou l’adossement à une activité civile. Les programmes d’armement menés en coopération avec des partenaires apparaissent comme des aiguillons susceptibles de favoriser cette intégration. Or l’intégration industrielle européenne est, à ce jour, inégale selon les secteurs. Le domaine des missiles paraît le plus avancé avec le groupe MBDA, dont l’actionnariat est composé d’Airbus pour 37,5 %, de BAe Systems pour 37,5 % et de Leonardo (ex Finmecanicca) pour 25 %. Le secteur de l’aéronautique a également bien avancé son intégration et son adossement au secteur civil avec le groupe Airbus, dont les premiers actionnaires sont des sociétés publiques allemandes, françaises et espagnoles, même si d’autres acteurs importants existent en Europe comme BAe Systems au Royaume-Uni, Dassault Aviation en France pour les avions de combat et Leonardo Helicopters en Italie. La mise en œuvre de programmes européens d’armement favorise le travail en commun : ainsi, pour réaliser l’hélicoptère NH90, le consortium NH Industries a été créé par Airbus Helicopters (62,5 %), Augusta Westland (devenu Leonardo Helicopters par la suite) (32,5 %) et le néerlandais Stork Fokker (5 %). En revanche, malgré l’existence de programmes dans le domaine des frégates (HORIZON puis FREMM), l’industrie navale européenne reste constituée de champions nationaux : Damen aux Pays-Bas, Fincantieri en Italie, Naval group en France, Navantia en Espagne et TKMS en Allemagne. Ainsi, dans le cas des frégates FREMM, Naval Group et Thales fabriquent l’essentiel des bâtiments destinés à la France, tandis que Fincantieri et Leonardo font de même pour les bâtiments destinés à l’Italie, selon une logique relevant davantage de la juxtaposition des productions que de la coopération. Enfin, dans le domaine terrestre, l’alliance conclue en décembre 2015 entre les groupes Nexter et Krauss-Maffei Wegmann visant à créer un champion européen du secteur n’était pas soutenue par un programme d’armement conduit en coopération.
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